Une Cendrillon signée Guillaume Gallienne à l’Opéra Garnier
La Cenerentola De Gioacchino Rossini Mise en scène de Guillaume Gallienne Avec Juan José De León, Alessio Arduini, Mauriszio Muraro, Chiara Skerath, Isabelle Druet, Teresa Iervolino et Roberto Tagliavni En alternance à 19h30 ou 14h30 Tarifs : de 10 à 210 euros Réservation en ligne ou par tél. au 08 92 89 90 90 (0,35 euros TTC min) Durée : 3h10 Palais Garnier |
Jusqu’au 13 juillet 2013
Dans un décor d’Eric Ruf inspiré d’immeubles recouverts de la cendre du Vésuve, la Cenerentola du comédien Guillaume Gallienne flirte davantage du côté du cinéma italien des années 50 que de l’opéra-bouffe concocté par le compositeur Rossini. Dans le rôle-titre, Teresa Iervolino incarne une jeune femme modeste mais déterminée et Roberto Tagliavini un magicien à la voix éblouissante. Une scénographie fantomatiqueD’emblée, c’est un décor fantomatique aux teintes d’ocre et de sienne, aux rouges cramoisis qui accueillent le spectateur de l’Opéra Garnier. Le décor d’Eric Ruf, administrateur de la Comédie Française, évoque les paysages en cendre du Vésuve, les palais italiens détruits par les flammes et l’érosion du temps. Une lumière de soleil couchant donc, signée Bertrand Couderc, vient lécher les murs entourés de cendre grise. Le ton est donné et fait littéralement écho au nom de l’héroïne du conte de Perrault. Pourtant, à la différence du conte de fée qui transforme le carrosse de Cendrillon en citrouille en oubliant son soulier précieux, tordant le cou au drame de la jeune fille avec l’aide d’une baguette magique, l’intrigue de Jacopo Ferretti se déroule dans le palais du baron Don Magnifico, beau père affreux et pervers d’Angelina (Cendrillon) et père de deux affreuses pimbêches prisonnières, comme lui, de leur désir d’ascension sociale. Pour une farce à la simplicité heureuse Le reste ressemble plus simplement à la fable et joue sur les travestissements de l’opéra-bouffe comme le Barbier de Séville du même compositeur. Le prince prend le costume de son serviteur pour mieux déceler une éventuelle fiancée, Alidor se fait magicien sous les traits d’un mendiant, bref, comme chez Marivaux, chacun des puissants se déguise pour mettre à nu le désir de l’autre sans tomber dans les pièges de la convoitise matérielle. A l’inverse du personnage de jeune fille fragile, Teresa Iervolino campe une jeune héroïne grave, sensuelle et terrienne, révoltée par le sort qui lui est infligée par ses deux belle soeurs. Sa voix de mezzo, trop timide dans le premier acte, mais beaucoup plus présente ensuite, déploie la chaleur d’un quasi contralto, vibrant et profond. Une mise en scène à la mélancolie douce amère Dynamitée par un baron infatué et grotesque, formidable Maurizio Muraro, la mise en scène plonge au deuxième acte dans un no man’s land étrange, surplombé par un échafaudage. C’est le palais du Prince, et le baron, en pantalon de clochard et tee-shirt orange, s’oblige à faire des siennes. Est-ce pour accentuer le ridicule, la vulgarité du personnage et son mépris des autres que le metteur en scène l’affuble d’un tel costume ? Et fait tomber son pantalon ? Si le Don Ramiro de Juan José De León est honorable même dans ses excès, Roberto Tagliavini prouve une nouvelle fois la puissance et la virtuosité de son timbre, avec une diction éblouissante dans le rôle d’Alidor. Sa prestation est magnifique d’autorité et de noblesse et celle d’Alessio Arduini, qui joue Dandini avec une belle vitalité, ne démérite pas. Les deux soeurs, Clorinda (Chiara Skerath) et Tisbe (Isabelle Druet) rivalisent de perfidie et de piquant dans des robes blanches style poupée Barbie, voix et projection parfaites avec carabine à l’épaule pour chasser leur rivales, preuve que l’on peut aussi s’amuse pourtant beaucoup dans ce spectacle au parti pris curieux, dont il faut saluer la direction vibrionnante d’Ottavio Dantone. Hélène Kuttner [Crédits Photos : © Vincent Pontet ] |
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